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Petite présentation sommaire...

 Honneur au Maître..

 .. Jacques Rouxel, génial créateur de ces drôles de bestioles et de la série télévisée d'animation qui divisa la France au printemps 68. Distillé chaque soir par petites tranches de une ou deux minutes, l'humour complétement décalé de cette saga, atypique jusque dans son graphisme, et nous contant les déboires irrémédiablement inextricables de tout ce petit monde au royaume de l'absurde, fût un rafraichissant pavé dans la mare pompe-idolienne de l'époque. Ce cours de sociologie appliquée sauce Jarry/Allais, subliminalement subversif mais franchement jubilatoire, n'a pas pris une ride en 35 ans.. peut-être parce que finalement et contrairement à la célèbre devise, "les Shadoks", ça a un sens.. et c'est souvent le bon !!

 Les Shadoks..

 Sorte de baudruche à longues pattes parfaitement adaptées à cette noble et omniprésente activité qu'était pour eux le pompage en tout genre, dotés d'un long bec aux dents acérées et d'un cerveau à quatre cases seulement, les Shadoks étaient bêtes, méchants, mais disciplinés et très attachés aux grands principes philosophiques et autres devises shadologiques inlassablement pronées par leur élite gouvernementale (le Chef Shadok), spirituelle (le Devin Plombier), scientifique (le Pr Shadoko) ou populaire (le Marin).. Ils vivaient sur une planète qui changeait souvent de forme, ce qui n' était pas pratique, et ils décidèrent donc un jour de partir sur la Terre, qui semblait plus agréable. Bien entendu, la fusée biscornue élaborée pour ce faire par le Professeur Shadoko ne partira jamais, malgré un million d'essais consciencieusement ratés... Mais voyant que les Gibis, occupants de la planète voisine, avaient mis au point un combustible super puissant (le Cosmogol 999), ils se mirent en tête de pomper le dit combustible à travers le Cosmos avec la fameuse Cosmopompe bien évidemment concoctée par le Professeur Shadoko.. Cela ne marchera pas, bien sûr, mais dès lors condamnés au pompage permanent, éternel, individuel et portatif, ces S.D.F du Cosmos  réussiront quand même à gagner la Terre (pas en fusée, certes, mais dans des entonnoirs et des passoires interplanétaires !!), puis la Lune, pour ensuite aller (en Cosmautobus à pédales..) construire leur propre planète, bien entendu tout aussi chaotique et pompante, puisque telle est leur implacable destinée.. Ils durent même apprendre à dépomper avec la Mégapompe pour gonfler le Cosmos et tenter de retarder, évidemment sans succès, l'apocalyptique Big Blank (le "Big Bang" à l'envers)...  Finalement, seuls le Marin et un mutant surloupé survivront sur une ile déserte, et peut-être est-ce là, sur cet Eden digne de la Genèse, que renaîtra le Peuple Shadok...

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 Les Gibis..

 Exact contrepoint des Shadoks, les Gibis étaient délicieux.. Êtres à chapeau melon, très intelligents,  et extrêmement gentils, ils réussissaient tout ce qu'ils entreprenaient.. La civilisation Gibi était basée sur  la propreté, le perfectionnement, la musique et la danse. Ils se servaient de leur couvre-chef pour se saluer, mais aussi pour se communiquer leurs pensées. Quand un Gibi avait une musique dans la tête, les autres l'entendaient aussitôt par téléchapie, et ne manquaient pas de le remercier en improvisant quelques pas de danse guillerets.. Ils aimaient beaucoup la campagne, et en profitaient pour changer de costume.. en mangeant des fleurs pour avoir un trois-pièces à fleurs, des petits pois pour un ensemble à pois, ou encore des carottes un jour sur deux pour un très joli costume rayé..! Ils vivaient donc dans la plus parfaite félicité, mais sur une planète plate et instable, ce qui les obligeait à se répartir harmonieusement, sinon la planète penchait et les Gibis qui étaient du mauvais côté glissaient et tombaient dans le vide.. Il décidèrent donc, eux aussi, de quitter leur inconfortable planète et d'aller sur la Terre... Ils n'eurent aucun problème pour construire une super fusée, et produire un carburant très performant, le Cosmogol 999, tant convoité ensuite par les Shadoks... Lorsque les Shadoks tentèrent de subtiliser leur fusée, les Gibis camouflèrent leur planète avec des feux d'artifice sombres, de telle sorte que si le jour on n'y voyait plus rien, il faisait encore plus nuit la nuit.. Ils s'amusaient beaucoup des échecs répétés de la fusée shadok, et ils n'eurent bien entendu aucune difficulté à gagner la Terre, où ils devinrent très amis avec son propriétaire Gégène.. Leurs chapeaux contenaient des moulins à graines de toutes natures, et il leur fût donc très facile d'embellir l'environnement en y plantant des graines de ville, d'architecture, d'oeuvres d'art, et aussi des graines de monuments historiques... Les moulins fonctionnaient tout seuls, et pendant ce temps, les Gibis pouvaient tranquillement danser le menuet.. Mais comme ils n'avaient que des solutions et jamais de problème, ils finirent pas s'ennuyer, et connurent la dépression, la maladie, et même la terrible collimbécillose au contact des Shadoks, qu'ils durent fuir après avoir vainement tenté de les aider.. La perfection et la joie n'étaient pas de taille pour lutter contre le Shadoks...

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 Gégène..

 Avant de s'appeler la Terre, la planète bleue portait le nom de son propriétaire, on parlait de la "planète Gégène". Celui-ci était une sorte d'insecte poilu qui vivait dans des souterrains aménagés. Un modèle unique, le seul de son espèce.. Comme il fallait bien qu'il s'occupe un peu, il s'amusait à faire arriver les choses : pleuvoir, venter, neiger, avalancher, tremblement de terrer..  mais parfois aussi il se fâchait, et alors c'était terrible.. tel un Dieu en courroux..  Mais cet être omnipotent et redoutable avait aussi son p'tit côté "père tranquille".. Il aimait bien bricoler sa planète et faire la sieste après son déjeuner.. Lorsque les Gibis débarquèrent, ils lui repeignirent sa planète, jouèrent de la musique et l'invitèrent à la campagne. Période merveilleuse où la Terre devint une planète à jeux, sorte de "Gibiland"... jusqu'a l'arrivée des Shadoks qui entreprirent.. de ranger la Terre à leur façon.. On imagine sans peine le désastre!! Lorsque Gégène se rendit compte que ces affreux avaient bouleversé son paradis,  il les chassa et les poursuivit de sa vindicte lacrymogène et pathogène durant plusieurs générations.. Si la vie des Shadoks n'était jusque là déjà pas jolie jolie, elle allait désormais se compliquer encore plus avec cette infernale malédiction, qui allait les faire pleurer et souffrir les pires maux.. Il s'employa donc consciencieusement  à les torturer à coup d'immondes "G-Gènes" et autres virus destructeurs.. et il jugea que cela était bon...

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 Le Chef Shadok..

 Malgré le caractère particulièrement souffreteux et uniforme du peuple Shadok, quelques très rares individualités sortaient du lot, dont, par ordre alphabétique et de préséance, le vénéré Chef Shadok.  Souvent flanqué de son fidèle Sorcier-Devin-Plombier, il cheffaillait à tout va, commandant tout ce qui se trouvait dans son environnement immédiat.. Il fallait qu'il ordonne, commande, indique la direction avec le doigt de son sceptre, fusse celle du Goulp, redoutable et ignoble geôle où étaient envoyés les Shadoks resquilleurs qui faisait semblant de pomper... ou ceux qui étaient surpris à ne pas conduire sans le "Permis de ne pas Conduire" que le Chef Shadok avait instauré..  Accessoirement, il avait aussi un p'tit job à la "Société de Découragement de la Race Shadokine", section "Course et Pari Mutuel". Comme il n'y avait qu'un seul cheval chez les Shadoks, il arrivait à la fois premier, deuxième et troisième, ce qui simplifiiait énormément les paris, et permettait ainsi au Chef Shadok de profiter longuement d'un repos bien mérité..

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 Le Devin Plombier..

 Directeur des Consciences et des Robinetteries, il s'occupait plus spécialement d'astrologie..C'est lui qui, tous les matins, était chargé de faire lever le soleil. Ça lui prenait le temps qu'il fallait, mais tous les jours il y arrivait, et à cause de cela les Shadoks le respectaient et l'admiraient. Mais comme tout cela lui laissait quand même pas mal de liberté, le reste du temps, l'astrologie étant censée tuyauter sur l'avenir, il était plombier. Il détectait les fuites d'eau et débouchait les robinets. Comme il disait qu'il lisait l'avenir dans son robinet magique, le Chef Shadok lui-même le consultait souvent sur des problèmes de gouvernement ou sur des problèmes de robinets, et en avait fait son principal collaborateur, au grand dam du Professeur Shadoko.. L' esprit des Shadoks étant par ailleurs passablement bouché, la tâche de cet intégriste du tuyau ne manquait donc pas d'ampleur...

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 Le Professeur Shadoko..

  Mathématicien et physicien, ce chercheur distingué était le scientifique attitré du peuple Shadok. Concepteur de la fusée shadok,  puis de la Cosmopompe, il faisait de brillantes conférences, pas toujours limpides, mais qui forcaient l'admiration, notamment sur les nouilles et les passoires, la géométrie des points et des lignes, ou encore sur la Tombologie, théorie néo-newtonienne tendant à démontrer que parfois, les choses ne tombaient pas, elles détombaient, surtout lorsque qu'elles se précipitaient vers le haut.. (ce qui fût largement exploité par les Shadoks, qui, utilisant cette force détombique comme un aspirateur géant, en profitèrent pour se débarasser de leurs détritus et autres ustensiles usagés..)  Il avait aussi un télescope, mais tellement usé que quand il regardait trop loin, les rayons se cassaient. De telle sorte que lui, la Terre, il la voyait en bas. Et il disait donc que la fusée shadok, il suffisait simplement de la laisser tomber. Certes, ajoutait-il, on risquait de ne pas aller exactement là où on voulait.. ou d'aller là où on ne voulait pas.. mais on était sûr au moins de ne pas revenir là où on était..Et comme la fusée ne voulait pas monter, ça prouvait bien que c'était son plan à lui qui était le bon...

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 Le Marin Shadok..

 C'était un ancien quartier-maître pirate qui avait mal tourné. Contrairement aux gens de son espèce qui passent généralement leur temps à introduire des petits bateaux dans une bouteille, lui, il introduisait des bouteilles dans son petit bateau. Il parlait par maximes (et quelquefois même en anglais). Ainsi, dans la Shadokaravelle qu'il affrêta pour aller voler la fusée des Gibis, personne ne regardait où on allait..Il disait alors que dans la Marine, c'était l'usage, et qu'il est beaucoup plus intéressant de regarder où l'on ne va pas pour la bonne raison que," là où l'on va, il sera toujours temps d'y regarder quand on y sera.." Et donc "Quand on sait pas où l'on va, il faut y aller... et le plus vite possible !!" Or l'univers de l'époque étant rond, au bout d'un certain temps, les marins de la Shadokaravelle crurent apercevoir enfin la planète Gibi.. mais ce n'était que leur propre planète.. Croyant débarquer chez les Gibis, ils volèrent leur propre fusée.. Les Shadoks restés au pays crièrent au miracle : leur fusée était partie ! Et comme après un tour de plus, les hardis marins ramenèrent chez eux leur propre fusée, les Shadoks furent encore plus contents : non seulement leur fusée était partie, mais en plus, elle était revenue..!! Le Marin fut considéré comme un héros et entra dans la légende...